Molières 1940-1945

Molières - Le pigeonnier communal

Molières et la 2e guerre mondiale

Les premières années de la guerre semblent avoir peu marqué les esprits. Molières, comme presque tout le département de la Dordogne, était situé en « zone libre », en dessous de la « ligne de démarcation ». Ce n’est qu’après l’opération « Anton » du 11 novembre 1942 que les Allemands ont envahi la région.

Au début de la 2e guerre mondiale, Mr Jacquet était le maire du village. Le 29/08/1941, il fut remplacé par une délégation nommée par le gouvernement de Vichy. Il s’agissait des messieurs Cassagnol, Duchamp et Conchou. Ils sont restés en place jusqu’au 31/10/1944.

Le village sauvé de justesse

Une date reste gravée dans la mémoire de tous les anciens : le 28 juin 1944. Ce jour-là, le village de Molières fut investi par un bataillon de nazis qui recherchait des maquisards. Les soldats ont pillé les maisons dont les habitants s’étaient enfuis dans les bois aux alentours. Le curé Bouix et madame Ferrandon, l’institutrice, qui étaient restés, ont parlementé avec les ennemis et, dit-on, sauvé le village de l’incendie en affirmant qu’il n’y avait jamais eu de maquisards à Molières.

Un « jeune homme », 14 ans à l’époque, se souvient très bien et nous en parle, toujours ému : « Ça pétait de tous les côtés… Ils voulaient tous nous fusiller… Je me suis enfui chez mon grand-père… Et puis le soir, quand ça s’est calmé, là-bas au pigeonnier, il y a avait deux jeunes… Il y en avait un qui m’avait parlé, un nommé Soulage. Il m’a dit : « Petit, vas-t’en vite parce que c’est la guerre, ça va mal » et ce gars là, il s’est fait tuer avec un autre, un espagnol, au pigeonnier. Et alors le soir, quand ça s’est calmé, mon grand-père et Mr Mourany ont dit : « On va aller voir au pigeonnier, il y a des morts là-bas. » Alors, je les ai accompagnés. Il y en avait deux, ils étaient allongés tous les deux contre le mur du pigeonnier. »

On trouve au « môles », lieu-dit à l’est du village, proche du bourg, un pigeonnier communal sur lequel est apposée une plaque commémorative. C’est au pied de ce petit bâtiment que les deux résistants, fuyant les armées nazis, sont tombés sous leurs balles ce jour-là.

Résistance et maquisards

Contrairement à ce que le curé et l’institutrice auraient affirmé ce jour-là, il y a bien eu des résistants à Molières. Les anciens se souviennent :

  • Des parachutages avaient lieu régulièrement au lieux-dits Pey Blanc, La Roche et Le Vignal. Les résistants y allumaient des feux pour diriger les avions.
  • Des campements de maquisards se trouvaient  à Bidot, sur la commune de Saint-Avit-Sénieur et à Trappe, dans la commune de Bourniquel, juste à la limite avec Molières. Ces groupes étaient composés de résistants extérieurs aux villages des alentours, mais aussi de villageois engagés dans la lutte contre l’envahisseur.
  • Des caches d’armes se trouvaient à plusieurs endroits, comme dans un cluzeau près de Lespinasse.

Sur internet, vous pouvez consulter plusieurs sites sur le sujet des maquisards et de la résistance en Dordogne pendant la 2e guerre mondiale.

Quelques exemples :

Molières, terre d’accueil

Quand on se promène de nos jours à Molières, on peut s’étonner devant la plaque de rue avec l’intitulé « rue d’Obenheim » ou on peut se demander pourquoi notre village est jumelé avec cette commune du Bas-Rhin. L’histoire du jumelage trouve son origine au tout début de la 2e guerre mondiale.

Petit cours d'histoire...

La construction de la ligne Maginot, censée protéger la France d’une invasion allemande, était accompagnée d’un plan d’évacuation des populations civiles de l’Alsace et de la Moselle en cas d’attaque des forces nazi. Le danger étant imminent, ce plan était mis à exécution le 1ier septembre 1939.

Plus de 600.000 habitants de ces régions devaient être évacués. Ils avaient juste le droit d’emmener 30kg de bagages et un peu de nourriture. Le transport se faisait par train, dans des wagons à marchandises ou à bestiaux. 80.000 d’entre eux étaient accueillis en Dordogne.

L' arrivée des refugiés

Après plusieurs jours d’un interminable voyage, les habitants d’Obenheim arrivaient à la gare du Buisson. De là, ils rejoignaient les villages de Cadouin, de Alles-sur-Dordogne et de Molières, leur destination finale.

Les villages d’accueil avaient eu à peine quelques jours pour mettre leur dispositif en place. Inutile de dire que les choses n’étaient pas toujours évidentes. Des familles étaient logées dans des vieilles maisons abandonnées, dans des hangars à tabac et, pour les plus chanceux, dans quelques pièces disponibles dans les plus grandes maisons.

Beaucoup de réfugiés ne parlaient pas bien le français (l’Alsace ayant été annexée à l’Allemagne de 1870 à 1918), mais seulement le patois alsacien. Du coup, la communication n’était pas toujours évidente et certains prenaient ces refugiés pour des « sales boches ».

Pour les Alsaciens, le manque de confort à Molières n’était pas toujours facile à vivre. Ici, pas d’eau courante, pas de salle de bains et au mieux, un WC au fond du jardin. Les Moliérois vivaient encore dans des conditions très spartiates alors que les Alsaciens, même dans leurs villages de campagne, avaient l’habitude de maisons plus confortables.

Et la vie continua...

Petit à petit, les choses s’organisaient. Les enfants allaient à l’école et les réfugiés, pour la plupart des agriculteurs comme les Moliérois, mettaient la main à la pâte. Et cette aide était la bienvenue car beaucoup de jeunes du village étaient partis au front.

Quand les Alsaciens pouvaient retourner dans leur village à partir de l’été 1940, beaucoup repartaient, espérant retrouver leurs biens et leurs animaux en bonnes conditions, même si cela voulait dire : se retrouver sous administration allemande.

D’autres restaient, soit par choix politique, soit parce qu’entre temps, ils avaient trouvé leur âme sœur ici. Plusieurs mariages eurent lieu à Molières !

Et voilà comment les habitants de Molières et d’Obenheim se connurent. Après la guerre, les familles des deux villages sont restées liées et en 1984, à l’occasion du 700ième anniversaire de la fondation de la bastide, le jumelage s’est mis en place.

Si vous voulez en apprendre plus sur le déplacements des populations de l’Alsace et de leur accueil en Dordogne, voici déjà deux sites intéressants : le CRDP de Strasbourg y a consacré un article, tout comme Esprit de Pays.

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Crédits:
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