Les Bastides

Molières - Maison du Bayle

Découvrons les Bastides

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Voilà qu’en arpentant les routes du Périgord, vous voyez des indications comme « Bastide de Molières », « Bastide de Monpazier », ou encore « Bastide de Beaumont-du-Périgord ». Mais qu’est-ce donc, une « bastide » ?

Certains pensent, à tort, qu’une « bastide » est un château, une forteresse. Quand on vous parle d’une « bastide », on fait référence à une ville ou un village avec des caractéristiques bien spécifiques. Nous allons vous aider à les découvrir.

Qu’est-ce qu’une Bastide ?

Une bastide est une ville nouvelle qui fut fondée sur l’ordre d’une autorité administrative (roi de France ou d’Angleterre) ou religieuse (évêque) au cours du 13e ou 14e siècle.

La conception de ces nouvelles villes était assez révolutionnaire, tant sur le plan de son organisation architecturale que sur le plan de sa gestion administrative.

Molières - dessin place
Dessin mis à disposition par Nicolas Besse, paysagiste.

Le pourquoi des Bastides

La plupart du temps, les bastides étaient construites dans des lieux peu peuplés. Elles étaient fondées pour attirer des activités économiques qui devaient faire de ces sites un pôle d’attraction démographique et économique. Les bastides permettaient, avant tout, d’affirmer l’autorité royale aux dépens des seigneurs. Si le besoin s’en faisait sentir, elles se transformaient en forteresse avec la construction d’une muraille.

Pour des raisons économiques, les sites choisis étaient souvent placés sur des grands axes de circulation terrestre ou fluviale. Parfois des raisons stratégiques et militaires déterminaient l’emplacement.

Dans le cas de Molières, il fallait surveiller et peupler un espace forestier devenu dangereux pour les pèlerins rejoignant l’abbaye de Cadouin *. De plus, cette zone, comprise entre la Dordogne et la Couze, correspondait à l’extrême nord de la mouvance du vassal anglais. C’était une marche frontière qu’il était nécessaire d’animer par une présence administrative et économique active.

Molières - Plan cadastre 1848

* Cette abbaye abritait dans ses murs un linge, provenant des Lieux Saints, vénéré jusqu’au XXe siècle comme étant le Saint-Suaire.

Les caractéristiques d’une Bastide

Les bastides présentent des caractéristiques communes qui les distinguent des autres villes et villages médiévaux.

1. Un plan régulier

Les bastides sont presque toutes construites selon un plan géométrique, carré ou rectangulaire. Il y a des rues parallèles et perpendiculaires, qui sont articulées autour d’une place centrale, souvent bordée d’arcades ou couverts, comme à Monpazier ou Beaumont. A Molières il n’en reste plus qu’un : c’est le « porche », appelé aussi « la maison du Bayle ».

La place est l’endroit le plus important du village, c’est ici que se déroule la vie économique, administrative et sociale. Souvent, il y a une halle. Jusqu’à maintenant, on n’a pas trouvé de trace de halle à Molières.

Dans la plupart des bastides, l’église est construite un peu à l’écart de la place. Mais dans le cas de Molières, l’emplacement de l’église est particulièrement éloigné. Les raisons de cet éloignement n’ont pas pu être déterminées avec certitude.

Dans une bastide, les rues se coupent en angle droit. On peut distinguer 3 types :

  • les rues principales qui permettaient le passage des charrettes. Elles étaient large de 7 à 8 mètres et sont appelées les « charretières » ou les « carreyras » ;
  • des rues secondaires, moins larges que les premières qui mesuraient entre 5 et 6 mètres. Ce sont les « transversales » ou « traversières »,
  • et enfin les petites ruelles qui desservaient l’arrière des parcelles, larges de 1 à 3 mètres. On les nomme les « carreyrous ». Actuellement, elles sont particulièrement agréables, ombragées et fraîches au cœur de l’été. Elles attirent le promeneur qui peut y découvrir de très vieilles portes murées et les vestiges des plus anciennes maisons de la bastide.

Le terrain était divisé en parcelles qui avaient toutes les mêmes mesures. La parcelle égalitaire était une simplification administrative pour le bailleur et une garantie fiscale pour le preneur. Chaque famille recevait son terrain et devait construire dans un délai assez court.

On peut distinguer différentes vocations pour les terrains mis à disposition :

  • Près du centre, il y avait les terrains à bâtir mesurant 4 aunes ou environ 8 mètres sur 20, destinés aux habitations. Leur superficie était suffisante pour aménager la maison, une cour et des dépendances.
  • Un peu plus en retrait, on trouvait les jardins, appelés « cazals ». Il y en avait un par maison. Leur superficie variait de cinq à sept ares.
  • À l’extérieur de la ville se trouvaient des terres agricoles.

En général, dans ces villes neuves, les maisons n’étaient pas contiguës. Un vide « sanitaire » d’environ 50 cm, parfois moins, « l’entremis » ou « andronne » séparait deux édifices. Il permettait de recueillir les eaux pluviales qui se déversaient des toitures inclinées vers l’entremis et non vers la rue. Les eaux ne retombaient jamais sur le toit du voisin ce qui supprimait les querelles de voisinage. Contrairement à une idée très répandue, la première fonction de ses vides n’était donc pas d’empêcher la propagation des incendies.

2. La Charte de coutumes

La charte * est l’une des principales originalités des bastides. Elle est octroyée par le fondateur. Ce véritable code municipal, qui s’opposait au féodalisme, permettait d’affirmer les droits et les devoirs de chacun. C’était à la fois le code civil, le code pénal et le code des impôts.

Pour attirer les nouveaux habitants, les fondateurs n’hésitaient pas à offrir des libertés nouvelles :

  • dix ans d’exemption d’impôt,
  • le droit de marier sa fille à son gré,
  • la possibilité d’envoyer son fils à la cléricature,
  • la libre disposition de ses biens,
  • la faculté de choisir un métier autre que celui de paysan et de devenir artisan,
  • l’administration des affaires communales par le biais d’un consulat élu, un peu comme les conseils communaux de nos jours.

Ainsi, les bastides permettaient aux paysans d’échapper à l’emprise seigneuriale, car n’oublions pas qu’à cette époque beaucoup de paysans étaient des serfs. L’ affranchissement promis aux serfs qui acceptaient de peupler les bastides était alors un argument puissant. C’était une véritable révolution !

* La Charte de Molières est inscrite dans un document actuellement conservé aux Archives Nationales. Le texte de la charte a été transcrit en 1877 dans un bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord, ce qui nous a permis de le consulter.

3. L’ administration

L’administration des bastides était assez démocratique pour l’époque et reposait principalement sur deux piliers :

  • Le Bayle : Il était le représentant des fondateurs de la Bastide. Le Bayle (ou Bailli) était en charge de la gestion, de l’administration, de la justice et de la perception des taxes. Il devait respecter les droits des habitants, tels qu’ils étaient décrits dans la charte. Il était rémunéré pour ses services et ne pouvait pas accepter des bonifications de la part des habitants.
  • Les consuls : Afin de prendre en compte les intérêts de la communauté, une administration municipale, formée par des représentants des habitants, était mise en place. Les chefs de famille choisissaient parmi eux 6 consuls qui étaient élus pour un an seulement. C’était le conseil communal avant la lettre. Ils s’occupaient de la voirie, des fortifications – s’il y avait lieu, de l’entretien des fontaines et des ponts, de la défense de la ville et du maintien de l’ordre.
Blason de Molières

Alors, vous l’aurez compris : en arpentant les rues et les carreyrous de Molières, vous vous trouverez sur les traces d’un tout nouveau concept de vie, d’un début de société démocratique, encore bien loin à cette époque médiévale. Et en comprenant la bastide de Molières, vous comprendrez mieux les autres bastides de notre région, qui ne demandent qu’à être découvertes par vous.

Alors, laissez-vous imprégner par l’histoire fabuleuse de nos bastides !

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