Eglise de Molières

Eglise de Molières

L' église Notre Dame

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L’église de Molières est dédiée à Notre-Dame de la Nativité. Il s’agit d’un vaste édifice rectangulaire de 32 mètres sur 12, construit au 13e siècle, peu de temps après la fondation de la Bastide.

L’église a été bâtie dans un style gothique Plantagenet et donne une bonne image des débuts de l’architecture gothique dans la région. L’édifice possédait une nef unique, se terminant à l’est par un chevet plat. Les quatre travées de la nef, exceptionnellement large, étaient couvertes de voûtes en croisée d’ogives et renforcées par des contreforts. La façade était cantonnée de deux tours carrées.

Une église forteresse

En ces temps troublés de la fin du 13e siècle, l’église n’avait pas seulement une fonction dans le cadre de l’exercice du culte. Comme beaucoup d’autres églises dans la région (entre autres celle de Beaumont-du-Périgord), elle avait aussi une fonction de défense et de protection de la population en cas d’attaque. Les habitants, des familles entières, souvent accompagnées de leurs animaux de basse cour ou même du bétail, se réfugiaient dans ses murs épais.

On observe encore à l’intérieur des portes ouest et nord la cavité qui recevait une forte poutre pour limiter l’enfoncement par un bélier.

A l’origine, l’église avait deux tours qui comptaient des chambres sur 2 niveaux, dans lesquelles étaient entreposées des réserves de vivres.

Dans la tour Sud, celle qui a disparue aujourd’hui, on accédait au premier étage grâce à une échelle (comme dans les donjons). De là, un escalier raide et étroit, aménagé dans l’épaisseur du mur de la façade ouest, conduisait discrètement à l’autre tour, la tour Nord qui sert de clocher maintenant. Ce passage secret (qui existe toujours) permettait aux défenseurs de se déplacer discrètement et en toute sécurité d’une tour à l’autre. La tour du clocher est la plus authentique.

Au sommet du clocher on distingue des traces de trous de boulin, ce qui permet d’imaginer une série de hourds qui contribuaient à la défense de l’édifice.

À l’intérieur de l’église, une passerelle en bois, véritable bretèche intérieure, protégeait la grande porte, point faible de l’édifice. Il n’en reste que les corbeaux qui supportaient les poutres.

Un texte d’un curé de Molières du 19e siècle confirme la présence d’un puits à l’intérieur de l’église. Il fallait bien que les habitants, réfugiés dans l’église, puissent boire ! L’emplacement de ce puits, depuis comblé, n’a pas pu être déterminé avec certitude.

Une histoire mouvementée

L’église fut détruite plusieurs fois. A chaque fois, elle sera restaurée, voir reconstruite.

Pendant les Guerres de Religion, vers 1580, l’église est brûlée par les huguenots et leur capitaine Chans de Monsac.

Après l’effondrement des voûtes, probablement dû à la faiblesse des contreforts, elles ont été remplacées par un lambris en novembre 1771.

Sur le cadastre Napoléonien de 1841, seule la tour Nord et la moitié Est de l’église étaient indiquées comme zones construites. La moitié ouest de la nef, y compris la tour Sud, était écroulée et décrite comme place publique. Un dessin de Léo Drouyn, daté du 21 juin 1846, montre cet édifice partiellement en ruine. A l’intérieur de l’église, les parties des murs blanchies par la chaux indiquent encore aujourd’hui la partie de l’église qui était restée debout.

Pendant la 2e moitié du 19e siècle, d’importants travaux de reconstruction sont entrepris, financés en grande partie par les fidèles et la commune. Nous y reviendrons plus loin.

L’édifice est inscrit partiellement au titre des monuments historiques le 12 octobre 1948. Seul son clocher et ses façades sont alors concernés. Le 28 janvier 2013 c’est la totalité du bâtiment qui est classé.

Faire…

Vers 1850, le couvrement de l’église est réparé. L’ ancien lambris est remplacé par un lambris en « anse de panier » *. Pour cela, les murs sont rehaussés de 2 mètres en réutilisant les pierres des contreforts.

* Si vous ne savez pas ce que signifie « Anse de panier », cette vidéo est faite pour vous !

La tour Sud n’est pas reconstruite mais remplacée par un contrefort à l’extérieur et en 1893, une petite chapelle néogothique y est aménagée à l’intérieur.

En 1888, le chevet plat sur la façade est fait l’objet d’importants travaux. Un chœur à cinq pans de style néo-gothique est construit à l’intérieur du rectangle primitif et décoré d’une série de vitraux. Les vitraux relatent la vie de la Vierge Marie et ont été réalisés par Henri Feur *.

* Henri Feur était un maître-verrier bordelais réputé, qui a également réalisé les verrières de l’église Saint-Pierre à Bordeaux.

Des nouvelles fenêtres sont percées dans les murs latéraux afin d’améliorer l’éclairage naturel de l’église.

En 1894, le magnifique chemin de croix, réalisé en fonte, est mis en place. Chaque plaque pèse bien 150kg. Il a été financé grâce à la participation des fidèles.

… et défaire !

Une restauration importante est réalisée entre 1979 et 1983 sous la responsabilité des Architectes des Bâtiments de France.

L’ architecte en charge du projet décide qu’il est opportun de remettre l’église dans son état initial, c’est-à-dire :

  • Le chœur néo-gothique, qui a été ajouté un siècle plus tôt, doit être démoli ;
  • le couvrement en anse de panier et l’ancienne charpente doivent être déposés et
  • les fenêtres, nouvellement percées, doivent être comblées.

Inutile de dire que beaucoup de villageois n’ont pas apprécié toutes ces modifications prévues.

Un compromis fut finalement trouvé : le chœur pouvait rester, le reste devait disparaître.

Aujourd’hui

Le résultat est notre église, telle qu’on la connaît de nos jours :

  • un couvrement formé de fermes visibles placées au droit des supports des anciennes voûtes, cachant en partie le haut du chœur néo-gothique ;
  • le mur rehaussé pour le lambris en anse de panier visible ;
  • l’ordre des vitraux relatant la vie de la Vierge Marie pas respecté : la présentation de la Vierge, enfant, au Temple, se trouve maintenant juste avant celui représentant sa mort ;
  • sur les murs, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, des traces facilement identifiables laissées par la fermeture de certaines fenêtres.

Mais malgré toutes ces cicatrices dues au passage du temps et des hommes, ou justement grâce à toutes ces traces, elle reste magnifique et unique. Et elle invite à la découverte de son histoire mouvementée.

Nous espérons en tout cas que notre petite histoire vous donnera l’envie de passer la porte de notre église pour tenter de la comprendre, de la découvrir et de l’apprécier, comme nous l’avons fait !

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